L"article précédent relatait le procés verbal dressé à l'encontre de la ville oésienne par les services de l'Etat suite au curage très partiel du bief de la Pérrée.

Un recours amiable étant prévu au procés verbal .Nous allions donc solliciter les services de la DDA  pour essayer de comprendre et négocier les obligations contraignantes qu'ils nous imposaient .

Je devais  recevoir en mairie un agent de la DDA ( Direction départementale de l'agriculture ) , accompagné d'un jeune représentant de la Fédération de pêche d'Indre et Loire . A peine installé mon interlocuteur de la DDA me fit savoir que l'asséchement du plan d'eau 6 mois par an n'était pas négociable . Le seul recours était ....le tribunal administratif . L'entretien n'allait donc pas s'éterniser et je les conviais à quitter mon bureau . 

Au cours du bref entretien je devais cependant constater que ces deux techniciens n'avaient jamais mis les pieds sur le terrain et ne connaissaient pas le site pour lequel ils intervenaient . Je les conviais donc à se rendre à la Pérrée pour au moins découvrir ce dont ils parlaient . 

Sur le terrain je dus me retenir de ne pas les mettre à l'eau .... Ces deux "experts", sans aucune explication convaincante,  exigeaient que la ville prenne à sa charge le reprofilage complet du plan d'eau . Selon eux le bief devait retrouver un aspect de  ruisseau comme dans sa partie amont . Comme si les collectivités n'avaient pas d'autres priorités financières en ces périodes de chômage et de crises sociales à répétition . Ces exigences eurent le don de m'exaspérer au point de  leur demander s'il ne faudrait pas aussi fournir les dinosaures pour rétablir les paysages originels . Sans doute fallait il permettre la remontée des saumons jusqu'aux zones d'activités de Parçay Meslay ???? L'entretien tourna cours avec ceux qui n'apprécièrent pas que je les traite ...d "ayatollahs" .

Je poursuivis donc mes démarches et dus constituer un dossier retraçant l'historique de ce plan d'eau, les obligations d'entretien du SICA  ( Syndicat Intercommunal de la Choisille et de ses Affluents)  , rappelant le curage effectué par les services de l'Etat eux mêmes au début des années 90... 

Je devais recevoir sur place deux responsables de la fédération tourangelle de pêche , beaucoup plus compréhensifs . Ils m'expliquèrent même que ce type de plan d'eau ne relevait pas des réglementations qu'on souhaitait nous imposer .

De fait un nouveau technicien fut chargé de suivre ce dossier à la DDA , réaliste et constructif . Des solutions intelligentes furent recherchées avec le technicien du SICA, nouvellement recruté, pour éviter l'asséchement complet du bief .A la grande satisfaction de l'association locale de pêche.J'obtiendrai quelques années plus tard un faucardage annuel du plan d'eau par les services de Tours métropole dont j'avais la responsabilité . 

La Pérrée devait donc être maintenue dans l'état où elle se trouvait depuis plusieurs siécles . Ce site continue d'être un lieu de promenade très fréquenté par les Oésiennes et les Oésiens .

Notre Dame d'Oé est traversée par le ruisseau de la Pérrée , affluent de la Choisille . Son cours nait dans les fossés agricoles à l'Est de la commune et près du bourg où des sources alimentent ce petit ruisseau dont nous avons acquis les rives au début des années 90. En aval d' un ancien lavoir que nous avions restauré, le petit cours d'eau s'élargit pour laisser place à un bief , sorte de long canal ,creusé par les hommes qui venaient chercher là l'argile nécessaire aux toitures des maisons ,à la réalisation de poteries . Ce plan d'eau communal redevient ruisseau plus à l'Ouest après avoir franchi une vanne servant de petit barrage .Le paysage a été ainsi façonné semble t'il depuis le moyen âge . Le cadastre napoléonien , confirme d'ailleurs  que le site présente cette configuration depuis des siécles .

Pendant plusieurs années une association de pêche allait organiser là des animations , des concours,des lachers de truites , des initiations pour les jeunes de la commune . Au beau milieu de vastes espaces verts , lieu de détente et de promenade tout proche des zones urbanisées et du centre bourg .

Le plan d'eau et son environnement , propriétés communales, étaient entrenus par l'association de pêcheurs et les ouvriers municipaux . En 1993 une intervention plus importante avait été décidée par les services de l'Etat . La Direction Départementale de l'Agriculture avait fait procéder à un curage du plan d'eau , sur toute sa longueur, pour évacuer les vases  qui se déposent en grande quantité .Le travail avait été effectué par une énorme pelleteuse dont les clichés figurent encore dans les archives communales . Le faible courant et la végétation environnante favorise l'envasement du bief dont la profondeur d'eau s'avère de fait très faible .

C'est donc avec une réelle satisfaction que l'association de pêche demandera aux agents communaux, qui procédaient ce jour là au nettoyage  du lavoir, de poursuivre leur travail en curant le bief sur quelques dizaines de mètres à l'aide d'une mini pelle . Les pêcheurs devaient organiser un concours de pêche le week end suivant  . Ils apprécièrent ces travaux d'entretien et en firent part au correspondant du journal local venu les interroger pour annoncer la manifestation .Ce correspondant  ,très consciencieux, s'efforçait de relayer et soutenir  toutes les activités associatives oésiennes. Un article parut dans la rubrique oésienne du quotidien , qui ne manquait pas d'évoquer les petits travaux réalisés sur le cours d'eau à la grande satisfaction des utilisateurs . Pour une fois l'initiative fut malheureuse ...

Quelques jours plus tard je reçois dans mon bureau en mairie 2 agents de l'Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques ( ONEMA) venus me verbaliser pour ne pas avoir respecté les directives de la loi sur l'eau . Ces fonctionnaires efficaces , en lisant le quotidien tourangeau , avait en effet découvert que la ville avait fait procéder à un curage de la Pérrée sans autorisation préalable . Ils m'annoncèrent que la DDA ( Direction Départementale de l'Agriculture) en charge de la police des cours d'eau allait dresser procés verbal et m'adresser une amende .

J'essayais de défendre les intérêts communaux et faire valoir ma bonne foi en expliquant  que j'ignorais que ces travaux réalisés à l'intiative des agents communaux pour rendre service à une asso locale . Je leur rappelais que le dernier  chantier de curage,  de bien plus grande ampleur , avait été réalisé par ...la dite DDA .Je leur faisais savoir que le Syndicat intercommunal de la Choisille et des affluents ( SICA) ,sensé assurer l'entretien de ce cours d'eau n'avait engagé aucun chantier d'entretien depuis au moins deux décennies et qu'il fallait bien prendre des initiatives .  Mes arguments tombèrent... à l'eau. Mes interlocuteurs inflexibles confirmèrent l'infraction commise au regard d'une législation en forte évolution depuis quelques années . Un dossier prélable aurait dû être déposé au titre de la loi sur l'eau pour obtenir une autorisation sur la nature des travaux, l'évacuation des vases ... Ils craignaient que l'utilisation d'une mini pelle ait dégradé le substrat du petit cours d'eau . Sans nier l'intérêt environnemental de la démarche je m'efforçais de relativiser l'importance du chantier réalisé qui n'avait en rien porté atteinte à la biodiversité locale .

Quelques jours plus tard je devais recevoir au courrier le procés verbal de la DDA assorti d'une amende et de préconisations pour éviter l'envasement du plan d'eau . L'amende prononcé était d'un montant modeste ( 300 ou 400 euros de mémoire) et ne mettrait pas la commune en difficultés financières . En revanche les exigences formulées par le service de l'Etat , sans concertation ni explication , s'avérait bien plus contestables . Le procés verbal imposait en effet que le plan d'eau d'eau soit asséché au moins 6 mois par an pour traiter les vases et les boues sans avoir à procéder à de nouveaux curages . Une régle qui ne pouvait satisfaire les élus et l'association de pêche qui n'envisageaient pas que ce lieu de promenade se transforme plusieurs mois par an en fossé , type  marais salants charentais  à marée basse ,en plein centre bourg . 

Le PV notifiait en très petit caractère que cette décision pouvait toutefois  faire l'objet d'un recours amiable .... Ce que le conseil municipal ne manquerait pas d'initier pour rechercher d'autres solutions moins pénalisantes .

A suivre ...

Dans la publication précédente je vous avais conté mes mésaventures avec un Oésien , qui pour faire connaissance m'avait tiré de dessus à la carabine alors que je venais lui demander de cesser ses tapages nocturnes . ( a lire ci dessous).

L'histoire allait se prolonger pendant 3 longues années . On utilisera des noms d'emprunts : Ghislain pour l'auteur des faits , Michelle pour la plaignante, sa voisine . Si Michelle était très préoccupée par cette situation, son mari demeurait en revanche très discret et le plus souvent silencieux lors de mes visites .

Comme énoncé ci aprés Ghislain , après une journée en établissement psychiatrique regagne son domicile sans aucune surveillance particulière . Michelle , sa voisine , ne vit plus . L'état de santé mental de son voisin est forcément source d'inquiétude . Ghislain devient son obsession permanente . Elle ne cessera d'épier tous ses faits et gestes . Elle me téléphonera régulièrement, le plus souvent la nuit, pour que je vienne constater le bruit dont elle se déclare victime . 

Ghislain devient bien connu dans le village . Il se montre en effet très généreux en distribuant de l'argent à quiconque lui rend un service . C'est ainsi qu'il demandait à des enfants d'aller lui chercher des cigarettes , de lui faire des courses . Il les récompense en distribuant des billets de 50 francs . Les taxis tourangeaux le connaissent bien aussi . Après des soirées de beuveries à Tours Ghislain utilise des taxis qui le raccompagnent à son domicile oésien et bénéficient aussi de substantiels pourboires .Ils se battent presque pour véhiculer le généreux donateurs . Les éboueurs ne sont pas davantage mécontents  de ses largesses .... Un comportement intriguant qui me conduit à le surveiller et à alerter la gendarmerie . D'où obtenait t'il tout cet argent ? Sachant que le personnage vivait dans une maison presqu'insalubre et ne faisait guère de dépenses d'habillement . Il n'avait pas de véhicule et ne circulait qu'à pied . Il n'avait pas d'activité a priori alors qu'il n'était pas en âge de la retraite;

Pendant 3 années je me rendrai chez Michelle , suite à ses plaintes répétées, pour essayer de prendre Ghislain en flagrant délit de tapage nocturne . Suite aux graves incidents précedemment décrits, de longues heures d'attente au domicile des plaignants ne permirent pas d'étayer un dépôt de plainte . Michelle n'arrivait pas à comprendre que le maire ne puisse le faire incarcérer ou l'obliger à déménager par... une simple lettre de cachet . Elle saisit une avocate tourangelle bien connue qui m'accusa d'inaction dans cette affaire . J'invitais l'éminente juriste à venir passer comme moi une partie de mes nuits chez la plaignante pour constater que rien ne permettait de mettre Ghislain en accusation et de prononcer de tels jugements à mon encontre . Comme rappelé dans l'article précedent , le maire saisi de problémes de bruit peut voir sa responsabilité engagée s'il n'intervient pas . Compte tenu des personnages concernés et des risques encourus je me déplaçais donc systématiquement à chaque appel . Je n'avais aucune leçon à recevoir de cette avocate bien à l'abri dans son cabinet tourangeau .

Un jeune gendarme de la brigade de La Membrolle , très motivé, avec qui j'étais en contacts  , prit l'affaire très au sérieux . Ghislain fut pris en filature et fut surveillé de prêt dans tous ses agissements . Information rassurante les enfants qu'il approchait pour les récompenser financièrement ne subissaient aucun sévice physique . La vigilance s'imposait néanmoins et nous en informions les parents .

Quand l'un de mes adjoints et fidéle ami , qui travaillait au centre de tri postal , attira notre attention sur l'important courrier que recevait Ghislain en provenance du monde entier . Une information déterminante pour le gendarme enquêteur qui fut ainsi mis sur une piste très sérieuse.

Ghislain et sa "comtesse" quittèrent subitement la commune ....

L'enquête allait démontrer que ce triste sir ( qui n'était sans doute pas aussi félé qu'il ne le laissait croire ) appartenait à des réseaux pédophiles internationaux . Sans doute lié à l'affaire Dutroux qui défraya la chronique en Belgique en 1996. D'habiles chantages auprès de pédophiles du monde entier  permettaient à Ghislain de récuperer des sommes d'argent importantes qui expliquaient son aisance financière et sa grande générosité locale .

J'appris avec grande satisfaction que ce monsieur avait été incarcéré en Allemagne où il serait décédé quelque temps plus tard . 

Michelle ne m'adressa plus jamais la parole considérant sans doute que je n'avais pas été à la hauteur de ses attentes !

Je suis appelé en pleine nuit par une Oésienne et son mari victimes du tapage nocturne de leur voisin . Excédés ils sollicitent mon intervention pour observer les faits et obtenir le retour au calme .Saisi d'une telle plainte le maire se doit d'intervenir faute de voir sa responsabilité engagée . Je m'habille rapidement et me rend donc à pied chez les plaignants qui résident non loin de notre domicile . Arrivé sur place ils m'expliquent que leur nouveau voisin ne cesse de faire du bruit et perturbre grandement leur tranquilité depuis son implantation à Notre Dame d'Oé  . De fait je constate rapidement le bruit occasionné : l'individu semble cogner dans les murs provoquant un bruit assourdissant dans ces maisons jointives . 

Je décide sur le champ de lui rendre visite pour le ramener à la raison  . Un individu hirsute , qui semble tenir difficilement sur ses 2 jambes , m'entrouve sa porte :

- Bonjour Monsieur. Je suis le maire et je viens vous demander de cesser le bruit dont se plaigne vos voisins .

L'individu me claque la porte au nez en me criant ...."Eh ...ta gueule " ... Confronté à ce chaleureux accueil ,je décide de rentrer au domicile des plaignants pour téléphoner et  obtenir le renfort de la gendarmerie . Le planton m'indique qu'une patrouille , en déplacement dans le nord de la circonscription va se déplacer .

Tour en discutant avec les victimes de cette situation , j'entend de nouveau du bruit provenant cette fois de l'extérieur . L'individu est probablement sorti . Je décide de le rejoindre pour le calmer . Mais il n'est pas dehors . En avançant dans la pénombre ( il doit être une heure du matin!) j'aperçois une sorte de baton dépassant de la fenêtre des toilettes de la maison . Il agite une sorte de manche à balais  et  frappe avec vigueur sur les barreaux métalliques de la petite fenêtre des WC.... Je m'approche lentement... quand 2 coups de feu retentissent dans la nuit ... Ce que je croyais être un manche à balais n'est autre ...qu'une carabine .

Les jambes à mon cou je rentre précipitamment chez mes invités nocturnes et ferme leur porte à tour de clé .Je dédide de rappeler la gendarmerie en soulignant les faits et l'urgence de la situation . En attendant leur arrivée nous constatons que le bruit a subitement cessé.

Sur place quelques instants plus tard , les gendarmes équipés de gilets pare-balle constate comme moi que le calme est revenu . Sans doute alcoolisé l'homme s'est probablement endormi . Les gendarmes m'expliquent qu'une perquisition à son domicile ne peut se dérouler que de jour entre 6 heures et 21 heures du soir . Il nous faudra donc attendre le lever  du soleil pour intervenir . Je passerai  une partie de la nuit sur le canapé des plaignants en compagnie des gendarmes . J'ai pris soin de prévenir Danielle, mon épouse, de... ne pas s'inquiéter .... 

Le jour venu les gendarmes pénétrent sans difficulté chez notre personnage . Un grand bonhomme encore en slip, hagard,atteint manifestement de troubles psychiques . Il m'explique  vivre avec "une comtesse", qu'il ne faut pas déranger . Effectivement une dame âgée , dont je ne connaitrais pas les liens familiaux, vit également dans cette maison . Dans son délire notre interlocuteur m'annonce "qu'il va se plaindre auprès du roi Louis XIV pour qu'il me destitue de mes fonctions de maire ".... Manifestement bien atteint ce monsieur  !!!!

En concertation avec les gendarmes et le cabinet médical oésien , compte tenu des faits , du fusil retrouvé, des troubles graves à l'ordre public et du danger présenté , je décide d'user pour la première fois, de mon pouvoir de placement d'office en établissement psychiatrique . Le dangereux personnage est conduit ainsi dans un établissement hospitalier pour subir des examens .... Il en ressortira le soir même ....Les examens auraient démontré que son comportement était lié à une prise excessive d'alcool mais que ces troubles mentaux ne justifiaient pas son placement en hôpital psychiatrique ...

Il allait donc revenir à son domicile suscitant une vive inquiétude chez ses voisins qui allaient devoir continuer à subir son comportement et des risques évidents . Un comportement que j'allais moi même subir pendant 3 longues, bien trop longues années .... A suivre ...

Je reçois en mairie des représentants d'un bureau parisien, chasseur de primes , venus m'interroger sur les aides financières qu'apporterait la commune de Notre Dame d'Oé pour l'implantation d'un laboratoire Chimex ( groupe l'Oréal) sur notre territoire . Ils se disent mandatés par le groupe et me présentent leurs cartes de visite  . Ces émissaires sont basés sur les Champs -Elysées à Paris.

Ils m'expliquent que depuis très longtemps le groupe installe ses unités à l'étranger dans une logique de délocalisation malheureusement bien connue . Une implantation oésienne serait une première et un fabuleux atouts pour la Touraine . 

Nullement imprésionné, ma réponse fut sans appel : la commune de Notre Dame d'Oé n'apportera aucune aide financière pour ce projet . Au fonds de moi même je n'ai aucune intention de subventionner Liliane Bettancourt avec les impôts des contribuables oésiens . 

Ma réponse  provoqua une réelle surprise chez mes visiteurs . Ils ne comprenaient pas qu'une commune puisse refuser de faciliter l'implantation d'une telle entreprise sur son terroire . Pour me convaincre ils m'expliquèrent que le Conseil régional et le Conseil général d'Indre et Loire , contactés préalablement avaient accordés de substantiels soutiens économiques et avaient déjà "crachés au bassinet" .... sans prendre soin de me contacter et de solliciter mon avis .J'en fis la remarque ultérieurement à mes collègues conseillers régionaux et départementaux .

Une précaution qui aurait évité de verser des fonds publics pour attirer une entreprise dont le projet était déjà ficelé . Je savais pertinement que ce laboratoire viendrait s'implanter à Notre Dame d'Oé .Ses chercheurs travaillaient depuis plusieurs années , dans une sorte de joint-venture avec ceux de l'entreprise Francereco -Nestlé, déjà implantée en bordure de la RD 29.  Pour poursuivre cette collaboration Chimex devait impérativement s'installer à proximité du grand laboratoire de biotechnologie végétale Nestlé . Un projet qui avait été anticipé puisque les deux groupes m'avaient sollcité pour leur vendre un chemin rural qui séparait leurs deux sites et détourner une canalisation de gaz de gros diamètre qui désservait l'agglomération tourangelle en empruntant ce secteur du Tertreau au sud de la commune .2 obstacles techniques à lever .

Ces chasseurs de prime ignoraient que je négociais depuis plusieurs mois avec ces deux groupes, qui avaient accepté de financer le déplacement de cette conduite , d'acheter et déplacer le chemin rural qui faisaient obstacles à leur union . J'avais donc la certitude que Chimex viendrait sur ce site ...avec ou sans prime . Au grand dam de mes interlocuteurs qui espéraient empocher une participation sur les aides financières espérées .Ils repartirent vers les Champs Elysées ....bredouilles !

Je dus aussi négocier avec le service foncier de l'Oréal l'acquisition des terrains necessaires à l'installation du laboratoire . D'âpres discusssions s'engagèrent . Mes interlocuteurs  ne lachaient rien et négocièrent au centime près le prix d'achat du foncier . Comme je leur expliquais que Mme Bettancourt, principale actionnaire, n'était sans doute pas dans le besoin au point de discuter des heures pour quelques centimes , les représentants du groupe l'Oréal me firent observer : "Détrompez vous , c'est sans doute ainsi que les Bettancourt sont devenus riches " . Très riches ...L'Oréal se porta acquéreur d'une réserve foncière de plusieurs milliers de m2 , toujours inoccupée, dans l'hypothèse d'une future extension ou de l'implantation d'une chaine de production de produits cosmétiques .

Mes décisions ,prises en concertation avec mes collègues du conseil municipal, s'avérérent pertinentes puisque Chimex s'installa bien à Notre Dame d'Oé sans que le contribuable ait eu à débourser le moindre euro . Réservant les éventuels soutiens à de petites entreprises ou créteurs d'activités ayant besoin d'un réel coup de pouce .

En 2019 Chimex , devait m'accueillir dans ses locaux pour fêter les 80 ans de la société, fleuron de l'économie locale .

Anecdote .

Mon voisin et ami William me fait part de ses difficultés pour le renouvellement de sa carte Vital à la pharmacie locale . L'acte de naissance fournit par la commune d'Ambillou, où il vit le jour ,comporte un tiret dans son nom : DA SILVA est devenu DA-SILVA . Une découverte à l'âge de la retraite car depuis toujours , tous les membres de sa famille , d'origine portugaise, se sont appelés DA SILVA ....sans trait d'union . A l'heure du tout informatique il n'est plus reconnu dans les documents d'Etat Civil du fait de ce simple tiret.

Je lui propose d'intervenir auprès de la Préfecture ou du Procureur de la République pour faire corriger cette erreur qui le pénalise .Il me fournit une série de documents ( livret de famille, acte de naturalisation de son père...) qui attestent bien que son nom s'écrit... sans tiret . 

Un bon matin de septembre 2020 , alors que mon mandat s'est achevé , je lui demande des nouvelles de son dossier . Il m'explique qu'il n'a toujours pas reçu de réponse à ses démarches .

Il passera à la maison le lendemain tout heureux de me présenter enfin la réponse reçue à l'instant même du Tribunal d'Instance ( ci après).le courrier lui  annonce la régularisation de sa situation . Il en est très heureux et me remercie ....

Avant qu'il ne parte je lui fais toutefois observer que le Parquet....a écrit son nom avec un tiret en en tête de lettre .... A tomber à la renverse !

L'histoire n'est donc pas terminée . William doit se renseigner auprès de la mairie d'Ambillou pour vérifier  que la bonne correction a bien été appliquée !!!

Comme il existe trois types de tirets ainsi que le double tiret il ne faudrait pas que les services adminsitratifs se soient à nouveau trompés dans la ponctuation !!!

Jumelé avec la ville de Barleben dans la banlieue de Magdebourg, nous avons été sollicités à plusieurs reprises par nos amis allemands pour partciper à de grands évenements économiques Outre-Rhin . Il était proposé à des entrepises tourangelles de participer, tous frais payés, aux grandes foires annuelles qui se déroulent à Barleben mais aussi à Hanovre , qui est le plus grand salon de la technologie industrielle au monde . 

Très attaché au développement économique de notre collectivité , je fus séduit par cette proposition . Avec Suzel, dynamique présidente du comité de jumelage, nous allions lancer l'invitation à plus d'une soixantaine d'entreprises oésiennes et du plateau nord de Tours. A notre grand désarroi une seule entreprise allait daigner répondre : ST Microélectronics qui déclinera l'offre . (Ce qui apparaissait tout a fait logique compte tenu de l'envergure internationale de ce groupe ). 

Sans candidat nous allions devoir chaque année répondre à nos interlocuteurs allemands qu'aucune entreprise française ne se déclarait interessée .Malgré nos démarches ,et celles de Suzel auprès de la Chambre de Commerce et d'industrie d'Indre et Loire ,du service développement économique de l'agglomération ...

Nous irons même jusqu'à organiser un séminaire pour essayer de sensibiliser des chefs d'entreprises et des chefs d'établissements scolaires de Tours Nord à l'interét de ces échanges franco-allemands . Quelques responsables économiques locaux étaient présents au côté de la délégation allemande venue spécialement défendre ces échanges . Dont le PDG de ST.Micro -Tours. Cette réunion fit naitre quelques espoirs . Malheureusement  jamais aucune entreprise n'accepta d'effectuer ce déplacement . Sans doute plus facile de se lamenter sur leurs sorts, de dénoncer  les effets des 35 heures et des charges sociales que de s'impliquer dans une démarche de développement à l'exportation .... 

Sans  une certaine honte nous devions chaque donc  annoncer régulièrement  à nos amis de Barleben que leur offre resterait ...sans suite .

Cet attitude illustre en partie l'écart de dynamisme économique entre les 2 pays . 

Des exemples que nous avions déjà pu constater quand en 1990 , après la chute de Ceausescu en Roumanie nous multipliions les voyages humanitaires à Fizes près de Timisoara . Nous y apportions des médicaments, du matériel scolaire .... A la frontière roumaine , après de longs voyages ,nous allions rapidement croiser des poids lourds allemands chargés de matériel, de nourriture .... Ces visiteurs allemands n'étaient nullement là pour faire oeuvre de charité . Ils avaient immédiatement compris que l'économie roumaine devait se redresser et qu'ils pouvaient  contribuer à équiper ce pays exsangue par l'exportaion de leurs productions et savoir faire . Très vite des boutiques de produits allemands s'ouvrirent à Timisoara ( charcuterie, équipements téléphoniques ...) . Nous allions quant à nous continuer à multiplier nos missions ...humanitaires .

Colère et tristesse en passant devant le laboratoire Boiron dans le parc d'activités de  l'Arche d'oé où les salariés s'efforcent de défendre leurs emplois . 646 licenciements sont annoncés en France dans cette entreprise suite aux décisions de non remboursement de l'homéopathie prise par le gouvernement Macron .

J'avais déployé beaucoup d'énergie avec les services économiques métropolitains pour permettre l'implantation de ce laboratoire à Notre Dame d'Oé par le regourpement d'activités exercées à Orléans et à Saint Avertin . 2 sites étaient en concurrence pour accueillir Boiron dans l'agglomération : Notre Dame d'Oé et Joué les Tours à la Liodière .  Pour convaincre ces investisseurs de s'implanter sur la commune j'avais accueilli une délégation de l'entreprise venue de Lyon visiter les sites potentiels . Durant prés d'une matinée  je leur présentais le site oésien et ses atouts : proximité autoroutière, zones commerciales voisines, espaces de loisirs ( Skybowl, centre équestre, squash,...), logements , qualité de vie ...

Un repas était ensuite prévu sur le site de la Liodière à Joué les tours , où mon collègue maire , vice président de la communauté d'agglomération  en charge de l'économie, vint rendre une visite de courtoisie à la délégation . Après un rapide apéritif il ne resta pas au déjeuner . Sans doute pris par d'autres obligations . 

Cette rencontre fut sans doute décisive pour l'accueil du leader mondial de l'homéopathie sur notre petite commune . Une fierté de plus après avoir implanté des enseignes telles que l'Oréal, Nestlé, Vinci Energie ...

C'est donc avec une profonde tristesse que nous avons appri les menaces qui pesaient sur cette filière faisant l'objet d'attaques régulières des lobbys pharmaceutiques . Nos démarches , ma visite du site avec François Bonneau, président du Conseil Régional, les alertes lancées auprès des parlementaires ,restèrent sans effet . La suppression d'emplois et des fermetures d'entreprises allaient être décidées dans l'indifférence totale . Une entreprise de démolition à l'actif de Mme Buzin qui fut  si efficace sur l'anticipation de la pandémie du COVID , ou pour conquérir la ville de Paris !!!

Une fois encore des salariés sont sacrifiés par une décision politique inconsidérée , générant des économies ridicules au regard des aides allouées actuellement aux entreprises , et aux déficits publics abyssaux que ce gouvernement promettait de réduire . Et tout cela sans aucune réflexion sur de possibles reconversions alors même que la crise sanitaire sans précédent a démontré les énormes besoins nationaux dans le domaine de la santé .C'est ainsi que le laboratoire Boiron de Montrichard , voué à la fermeture, a t'il produit du gel hydroalcoolique quand le pays était confronté à une énorme pénurie . Peut on espérer préserver le savoir faire de ce grand groupe et de ses agents ?

Celui qu'on appelera R occupa nos jours et nos nuits . Le maire bien sûr, mais aussi mes adjoints : Patrick qui le connaissait bien, René, les agents d'accueil de la mairie ...

Atteint de troubles psychiques , parfois accompagnés d'alcoolisme, Robert entrait régulièrement dans des délires qui le conduisaient à harceler les élus, le personnel communal , ses voisins chez qui il allait sonner à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit . Pendant un temps il téléphonait sans cesse en bloquant les standars des sapeurs pompiers, de la mairie, des élus .

Je dus plusieurs fois alerter les gendarmes quand son comportement devenait insuportable et agressif . Les agents municipaux redoutaient sa visite . Les élus ne pouvaient plus dormir tant ses appels étaient fréquents . Je me souviens un soir d'été avoir dû me rendre à la gendarmerie de La Membrolle  , qui ne répondait pas à mes contacts, pour qu'une patrouille vienne le calmer à son domicile .

Il téléphonait la nuit entière à mon ami René Chazerie , maire adjoint, dont la fille devait accoucher , sans possibilité d'être averti tant sa ligne était mobilisée par R ...Il venait à mon domicile et j'avais les plus grandes difficultés à le raisonner . Seul Patrick Lefrançois ( qui devint maire en 2020) réussissait à obtenir une certaine écoute .

Cette détresse le conduisait régulièrement en établissement hospitalier , d'où il s'enfuyait ou sortait très rapidement .Robert vivait seul dans une maison proche du bourg. Les aides ménagères qui intervenaient à son domicile pour l'accompagner ne résistaient pas très longtemps à son comportement .

Robert était divorcé . Mais nous alertions régulièrement ses enfants qui ne résidaient plus dans la région sur sa situation préoccupante.

Quand en 2010 sa fille , qui était chanteuse, fit la une de l'actualité en connaissant un grand succés national . Robert en était très fier et distribuait les CD de la star montante à tous les Oésiens qu'il rencontrait . Il me proposa de la contacter pour qu'elle vienne se produire sur la grande scéne du complexe culturel Oésia ( demande qui ne reçut jamais de réponse).

Je reçus en revanche en mairie des appels de l'entourage de la demoiselle , et la visite de sa mère en mairie . Il m'était demandé de m'occuper de R pour éviter tout scandale pouvant venir ternir la réussite et le succés d'une carrière prometteuse. Nous n'avions malheureusement pas attendu cette sollicitation pour essayer de lui venir en aide , en assurant la sécurité de son voisinage si souvent perturbée.Je devais leur rappeler , qu'avant d'être l'affaire des élus , l'appui requis relevait des obligations de la famille . Tout enfant doit en effet aider ses parents ( article 205 du Code Civil).

Avec le temps R devint plus serein et sortit de nos préoccupations quotidiennes . Impossible de ne pas penser à lui quand j'entendais sa fille à la radio où lors de ses fréquentes apparitions  à la télévision .... Derrière la chansonnette  sans doute une histoire familiale douloureuse.

J'ai appris récemment par Patrick Lefrançois que R venait de quitter la commune pour un EPHAD tourangeau ....

Un vendredi soir de retour à la maison après une semaine épuisante , je m'apprétais à profiter d'une soirée sans réunion . Quand le téléphone sonne vers 20 heures ...Au bout du fil mon ami Jean Germain , maire de Tours et président de la communauté d'agglomération :

- "Dis moi j'ai entendu dire qu'il y aurait des espaces en friche au nord du quartier des Douets sur Tours Nord et Notre Dame d'Oé . Il faudrait que tu me montres et que nous allions visiter ."

- "Quand tu veux Jean . Nos secrétariats fixent une date "

- "Eh bien maintenant , me dit-il.On se retrouve sur place  le temps d'arriver".

Difficile de m'opposer à cette rencontre impromptue et d'annoncer à Danielle que j'allais devoir m'absenter ...encore !

Je retrouve Jean Germain près du hameau de Champeigné où son chauffeur l'a déposé . Nous allons parcourir tous les chemins du secteur , observer le site où pourrait s'implanter un grand parc de loisirs d'agglomération . Tous les espaces verts accesibles aux habitants se situent en effet au Sud de l'agglomération : Bois des Hâtes, la Gloriette, lac de Tours et de Joué ...

La balade qui se prolongera fort tard dans la soirée nous conduira aussi à la Milletière, au Tertreau , où se développait le parc d'activités de l'Arche d'oé ... 

A l'issue de cette visite la décision fut prise de créer là un vaste espace vert ouvert au public . Les acquisitions foncières débutérent rapidement ,permettant aux services  de la ville de Tours d'engager un programme d'aménagement : chemins , aires de jeux, skate parc .... Près d'une trentaine d'hectares seront mis à disposition des habitants de Tours Nord et Notre Dame d'oé .

Un projet qui sera complété par la maitrise foncière à Mettray du parc des Grandes Brosses et de ses vastes bâtiments occupés longtemps par un établissement hospitalier . La communauté d'agglomération sous le mandat de Jean Germain y implantera l'une des troupes tourangelles des arts de la rue :le 37 éme parallèle..Quelques années plus tard  sous le mandat de Philippe Briand nous allions inaugurer un parc d'accrobranches par mise à disposition de Gadawi park , implanté à Joué les Tours d'une partie des espaces boisés .

Cet ensemble est venu compléter une série de réalisations au nord agglo longtemps en retard en terme d'équipements publics : médiathéque F.Mitterrand-piscine du Mortier- arrivée du tramway- parc de la Cousinerie-Grandes Brosses ....

Ce parc d'intérêt métropolitain présente des atouts indéniables et s'avèrent sans doute sous exploité . Les parkings d'accés ( dans l'Arche d'oé) et le site même ont été au fil du temps régulièrement occupés par les gens du voyage  . Le parc n'est pas exempt d'actes de délinquances ..Les immenses bâtiments des Grandes Brosses restent inocuppés et tombent progressivement en ruines. Philippe Briand avait eu l'idée d'y implanter le siége de la métropole , mais les coûts de restauration semblaient rédhibitoires . Un plan de développement des activités ludiques a été soumis à Christophe Bouchet , maire de Tours courant 2019. Ces pistes restaient à mettre en oeuvre en 2020.

Ainsi avait commencé un soir d'été l'un des projets à mettre à l'actif de la communauté d'agglomération Tours Plus ...

L'entreprise Passenaud , implantée au nord agglo , s'est installée à Notre Dame d'Oé dans les années 90 sur le parc d'activités de l'Arche d'oé mis en oeuvre par la municipalité . Cette belle entreprise familiale est spécialisée dans la récupération et la revente de matériaux divers, dont la ferraille sur un site de Tours Nord . A l'origine son fondateur avait débuté son activité comme marchand de peaux de lapins et avait su faire prospérer sa société.

Pour diversifier son activité et répondre à un besoin des entreprises , la société Passenaud m'avait déposé un projet d'implantation d'un centre de tri de DIB ( déchet industriel banal) dans l'Arche d'oé . J'étais particulièrement interessé par un tel projet puisque les éxutoires pour les déchets inertes des industriels et commerçants manquaient cruellement sur ce département . Les DIB ne relévent pas en effet de la compétence des collectivités locales et ne peuvent être accueillies dans les déchetteries réservées aux particuliers . Le projet consistait donc à traiter dans un bâtiment clos des déchets inertes et non dangereux pour les valoriser : tri de cartons, gravats, bois ...Aucun risque de pollution ni de nuisances . Et pourtant !!!

Dés l'annonce de ce projet nous allions subir un déchainement de protestations des habitants du quartier voisin des Douets ( et au delà), fortement relayés par la presse locale . Avec le soutien de ma camarade conseillère générale de Tours Nord une pétition recueillera près de 500 signatures pour s'opposer au projet . Ces opposants dénoncent les nuisances potentielles : bruit, circulation de poids lourds, pollutions ..... Comme chaque fois dans ce pays les citoyens réclament une meilleure valorisation des déchets produits mais s'opposent systématiquement à l'installation des équipements de traitement nécessaires, surtout près de chez eux .( Not in my backyard).

Alors que toutes les garanties d'hygiène et de sécurité sont assurées les arguments des opposants dépassent l'entendement . Pour accentuer le catastrophisme ambiant la presse locale publie des images de tas de ferrailles à l'air libre pour illustrer le caractère inesthètique du projet . Des publications vont jusqu'à annoncer la future présence de ...déchets nucléaires sur  le site . La rumeur affirme qu'il faudra bientôt circuler avec des masques à gaz sur le parc de la Cousinerie récemment aménagé par la communauté d'agglomération à l'initiative de Jean Germain et de moi même .... Plus les mensonges sont énormes plus ils marquent l'opinion .Tout devient excessif , empreint de démesure ...

Nous ne céderons pas à ces polémiques , convaincus que ce projet d'activité n'aurait aucun impact sur la vie du quartier voisin.  Pour améliorer l'accés au futur centre de tri nous consentons d'aménager une voie spécifique qui sera financée par la communauté d'agglomération ( Rue W.Brandt). La procédure administrative suivra son cours et la Préfecture , donna son feu vert à cette construction et son exploitation . 

Nous allions ainsi démontrer la pertinence de notre décision . Ce centre de tri fut construit . En 20 années d'exploitation il ne suscita jamais la moindre plainte ni observation . Reste le souvenir d'une première confrontation avec l'éxagération , la disproportion des réactions et de l'outrance .

De 1989 à 2020 Notre Dame d'Oé aura connu , comme toutes les communes françaises , 6 élections municipales . A quatre reprises (1995-2008-2014 et 2020) une seule liste s'est présentée à ces scrutins . Notré équipe fut donc élus sans opposition . Une situation qui suscitait les plaisanteries de mes collègues maires des autres communes de la métropole toujours confrontés à des joutes électorales plus ou moins agitées . On se moquait de nos scores " poutiniens" et de cette "République bananière " installée en Touraine . Cette situation inédite dans une commune de cette strate ( 4000 habitants) n'affectait pas la participation électorale plutôt supérieure aux moyennes ( sauf en 2020 dans le contexte de pandémie).

Certains électeurs , une minorité qui ne nous appréciaient pas , nous faisaient le reproche de cette situation , et nous rendaient responsables de cette absence de choix démocratique . Remarques surpenantes et paradoxales puisque nul n'était empéché de se présenter et de constituer sa propre liste . Nous aurions parfois apprécié nous confronter à des opposants et regrettions  comme Obelix , que des adversaires ne viennent pas nous affronter . Il est vrai qu'en 2001 la liste d'opposition qui s'était présentée avait subie une lourde défaite dés le premier tour ( 78% des suffrages s'étaient portés sur nos candidats).

Il faut croire que les citoyens , qui n'entendaient pas s'engager dans la vie politique locale, étaient satisfaits de notre travail , du climat serein et apaisé que nous avions su instaurer . Une situation inédite , qui semble malheureusement se développer , dés lors que de nombreuses communes rencontrent des difficultés à trouver des candidates et candidats pour exercer ces fonctions .

Je reçois en mairie un couple de sympathiques retraités oésiens confrontés aux arcanes de l'administration française . Ils ont en effet appris que les les demandes de changement de prénoms sont désormais gérées par les maires et viennent solliciter mon aide .

Mais la situation de ces personnes s'avèrent très particulières puisque depuis leur naissance ...ils n'ont jamais eu de prénom . Une situation qui semble t'il ne leur a jamais posé de difficultés tout au long de leurs vies . Mais qui est devenue fort embarassante avec le développement d'internet et des démarches en ligne . Tous les formulaires informatiques demandant de préciser un état civil exigent de mentionner un prénom ...qu'ils ne peuvent fournir.Ils souhaitent donc , non pas changer de prénoms , mais compléter leur Etat Civil  .  

Ces citoyens français sont nés dans les comptoirs français en Inde . Ceux que les enfants apprenaient à l'école au temps des empires coloniaux français : Pondichéry-Chandernagor-Mahé-Yanaon- Karikal . Ils m'expliquent que dans certains de ces territoires les coutumes locales ne prévoyaient pas de donner de prénom aux enfants . 

Le plus surpenant fut d'apprendre que mon interlocuteur avait exercé toute son activité professionnelle  au sein de l'armée française sans que son état civil incomplet ne pose de difficultés . Il était régulièrement présent aux cérémonies commémoratives au monument aux morts oésien . Ses amis le nommait "Gilbert" , prénom usuel... sans aucune valeur juridique . 

Ces Oésiens avaient donc entrepris des démarches auprès du Procureur de la République près du Tribunal d'Instance de ...Nantes . Il semble en effet qu'un acte d'Etat Civil ne peut être rectifié que sur instruction du Procureur de la République territorialement compétent  ???.  Les réponses reçues de l'administration ne pouvaient les satisfaire puisqu'on leur proposait de "bidouiller" un prénom en utilisant une partie de leur nom de famille . Ce qu'ils refusaient souhaitant conserver l'intégralité de leurs patronymes.

Peu avant la fin de mon mandat j'alertais donc le Procureur sur cette situation afin de rechercher une issue positive . Ma mission s'achéva sans que le service compétent ait daigné me répondre . Je ne connaitrai donc peut être jamais l'issue de ce dossier ...

Pendant plusieurs années nous devions subir les pressions de propriétaires fonciers qui souhaitaient que leurs terrains redeviennent urbanisables en limite de la commune voisine de Chanceaux sur Choisille . Une sordide histoire de famille avait conduit l'un de mes prédécesseurs à rendre incontructible (lors d'une modification du Plan d'Occupation des Sols) des parcelles jusqu'alors urbanisables . Notre municipalité , au regard des disponibilités foncières proches du bourg n'avait pas l'intention d'urbaniser dans ce secteur à court et moyen terme . Nos refus se traduisirent par un véritable harcélement y compris de nos collègues, élus cancelliens, qui iront jusqu'à soutenir un projet de lotissement sur ces terrains .

Las de ces polémiques ,qui ne servaient pas l'intérêt général de notre collectivité , j'eus l'idée de procéder avec Chanceaux à un échange de territoires communaux . Renseignement pris les modifications de limites communales sont rendues possibles par un article du Code des Collectivités territoriales ( L.2112.2 si mon souvenir est exact) . Chanceaux aurait reçu cette partie de territoire oésien ,objet de convoitises, en l'échange de terrains cancelliens plus proches des zones urbanisables oésiennes . Etait posée là une proposition constructive et cohérente en terme d'urbanisme .

Malheureusement ma collègue maire de Chanceaux , qui s'opposait systématiquement à toute coopération intercommunale à cette époque, refusa ce projet . Le litige sur l'urbanisation du nord de la commune se poursuivra donc durant près de deux décennies ...

La mairie de Chanceaux - Il faudra attendre de longues années avant que les deux communes limitrophes établissent des relations constructives , notamment après l'adhésion tardive de Chanceaux à la communauté d'agglomération .

Ce fut l'une des affaires les plus délicates que j'eus à traiter dans ma longue vie municipale . 

Je suis alerté par la directrice de l'école maternelle, amie de longue date, sur le comportement d'un riverain qui s'exhibe nu chez lui face aux classes enfantines . Les enseignantes , qui ont assisté à la scéne , confirment son témoignage et demandent une intervention rapide . Je suis d'autant plus consterné que l'individu concerné n'est autre ...qu'un conseiller municipal, militant très actif , que je ne pouvais un instant soupçonner de tels agissements .

Convoqué immédiatement dans mon bureau ce collègue nie fermement les faits, indiquant qu'il sortait de la douche et ne pensait pas être vu dans son domicile . Version fort différente des précédents témoignages recueillis . Je recevrai également son épouse dont l'explication laissa planer quelques doutes sur les propos de l'élu mis en accusation .

Des collègues scandalisés par cette affaire exigeaient que je m'érige rapidement en juge en prononçant son exclusion du conseil municipal . Convaincu que la situation ne pourrait rester en l'état avant que la justice ne passe je lui signifiais mon souhait de démission . Ce qu'il accepta . Il quitta même la commune avec sa famille quelque temps plus tard . Quand la vie municipale vous réserve des moments inattendus !!!