Logement social..apprendre à tenir sa langue!

"Notre pays connait depuis plusieurs années une pénurie de logements que les pouvoirs publics ont beaucoup de difficultés à résorber. Les collectivités locales sont souvent mises en accusation, notamment par l'Etat, car certaines d'entre elles s'opposeraient à la réalisation de logements sociaux. Dans la réalité des communes comme Notre Dame d'Oé ,qui a dés 1989 souhaitée développer le logement locatif sur son territoire , se sont heurtés à l'insffisance des aides à la pierre attribués chaque année par... l'Etat.Le logement demeure en effet une compétence nationale.

Pour respecter nos engagements électoraux nous avons donc recherché la mixité de l'habitat et favorisé dés 1990 la réalisation de logements locatifs à l'entrée Sud de la commune. Une soixantaine de logements (Le Hameau) devait ainsi être construite par le bailleur Touraine Logement. Notre Dame d'Oé ne comptait alors aucun bâtiment collectif dans un environnement dominé exclusivement par l'habitat pavillonaire en accession à la propriété.

Ce projet suscita immédiatement inquiétudes et rumeurs. Si chaque Français se lamente chaque soir devant le journal télévisé face aux sans logis, aucun d'eux n'accepte de bonne grâce que se construisent quelques logements prés de chez lui. Tel fut le cas dés notre premier projet. La rumeur circulait que nous allions accueillir à Notre Dame d'Oé le relogement des habitants de la Cité des Sables à La Riche.Une cité, à la mauvaise réputation, ( quasiment comme les quartiers nord de Marseille !) qui allait être démolie. Fraichement élu je ne prenais guére au sérieux ces informations malveillantes et bien évidemment infondées.

Alors que je sortais de la mairie, je fus interpellé par une brave citoyenne, qui me demanda si l'information qui circulait était bien vérifiée.Prenant la question sur le ton de la plaisanterie je devais lui répondre avec provocation que" nous allions, non pas accueillir les habitants du quartier des Sables, mais un charter de Kurdes "qui faisaient à l'époque la une de l'actualité internationale".

Quelques semaines plus tard, siégeant au conseil d'école, un parent d'éléve m'interrogea sur ce point et m'informa qu'une pétition circulait dans les familles pour que nous renoncions à l'accueil de ces "Kurdes". Je decouvrais ainsi combien ma plaisanterie avait fait tâche d'huile et avait été prise véritablement au sérieux.C'est ainsi que naissent les rumeurs et qu'il est bien difficile ensuite  de s'en débarrasser.

La meilleure réponse fut de démontrer que le logement loctif social n'était  pas synonyme de délinquance, de troubles à l'ordre public et des pires catastrophes sociales  imaginables. L'habitat collectif et locatif aura permis d'héberger des familles très respectables, parfois même les enfants des détracteurs qui venaient à fonder un foyer et ne disposaient pas au début de leur union  des moyens de faire construire à Notre Dame d'Oé un pavillon en tout point similaire à celui de leurs parents.CQFD!

Depuis cette première expérience la ville a continué à insérer dans le bâti existant de petits programmes locatifs parfaitement intégrés... et  j'ai appris aussi à moduler mes provocations naturelles en fonction de mes interlocuteurs(trices)".