Couleuvrou ...

Le Couleuvrou est un lieu dit de Notre Dame d'Oé où nous avons pu implanter en bordure d'un vaste lotissement un ensemble d'une quarantaine de jardins familiaux .

Les jardiniers qui prennent plaisir à cultiver leurs petites parcelles mises à disposition par la commune ignorent probablement  comment cette opération a pu se réaliser après au moins deux décennies de travail .... Une histoire qui illustre combien les élus peuvent parfois être confrontés aux malversations et turpitudes de certains promoteurs auxquels ils font confiance .

Le lotissement de Couleuvrou , qui comptait près de 90 lots à urbaniser, avait été mis en ouevre par mes prédecesseurs à la fin des années 80. A notre arrivée aux responsabilités communales en 1989 il nous fut demandé de reprendre dans le domaine public communal l'ensemble des voiries , équipements et espaces verts de cette opération . Nous allions accéder à cette demande avec l'appui et les conseils des services de la Direction Départementale de l'Equipement . Nous ne savions pas que nous nous étions engagé dans des procédures et des litiges qui allaient nous occuper des années .

Lors de pluies incessantes en 1990.1991  ce lotissement et ses habitants furent surpris par des inondations provoqués par des ruisselements des eaux de surface . Sous sols inondés, rues et places transformées en patogeoires, espaces verts devenus étangs ...Une ou deux maisons furent même traversées par de véritable ruisseaux . Nous allions passer des nuits à essayer de venir en aide aux habitants et essayer de comprendre les causes de ces sinistres . 

Les propriétaires récemment installés avec l'appui de la commune allaient saisir le lotisseur-promoteur  pour obtenir réparation . Ils se heurtèrent à une totale inertie et au refus absolu d'intervention . L'aménageur faisait valoir que les travaux avaient été supervisés par la DDE et que l'ensemble de l'opération avait été reprise dans le domaine public communal .... Bien évidemment la reprise s'était effectuée en période de sécheresse , en totale méconnaissance des vices cachés et malfaçons que nous allions découvrir ultérieurement . Le PDG de l'entreprise eut même le culot de qualifier mes démarches ....d'électoralistes ....La DDE qui était juge et partie dans cette affaire ...bottait en touche ....

Ici pas de service après vente quand un acquéreur d'un terrain à bâtir se trouve confronté à de telles situations . Il doit se débrouiller avec ses assureurs qui eux aussi rejetent bien souvent les responsabilités sur un tiers .En clair ....le responsable c'est le client ....

La commune devait donc prendre l'affaire à son compte et engager des recours judiciaires . Bottes au pied nous avons plusieurs fois silloné le quartier, effectués des recherches notamment auprès du cadastre pour  connaitre l'environnement passé de ce récent lotissement ,questionnés les anciens , menés l'enquête ...

Sans attendre nous allions engager des travaux communaux pour corriger les principales anomalies du réseau dont nous avions hérité .

Nous allions découvrir avec stupeur une série d'erreurs impensables . Une ancienne mare , visible sur des photos aériennes , avaient été bouchée, et raccordée ...au réseau d'eaux pluviales . Comme il s'agissait d'une nappe phréatique de surface la montée en charge de la mare engorgeait le réseau qui débordait dés les p^remières pluies . 2 pavillons avaient été construits sur cette mare comblée !!!.

On découvrit ensuite qu'un fossé agricole perpendiculaire au lotissement avait été lui aussi comblé . Et pour terminer en beauté on découvrit également que le réseau de drainage de la plus importante ferme agricole du secteur avait lui aussi été raccordé en servitude au réseau d'eau pluviale du lotissement . Son propriétaire était conseiller municipal d'opposition , aux manettes avant 1989, et s'était bien gardé de nous en informer .

L'étude toponymique des lieux dits aurait suffit à attirer l'attention des constructeurs .Le Couleuvrou ( comme l'explique le Dico des rues oésiennes publié en 2005 )provient certainement du "couleuvreau " (petit de la couleuvre) et du "rou" c'est à dire de la rouère qui désigne un fossé vers lequel s'écoulent les eaux de pluie .....

Au rythme lent de la justice, des expertises hydrauliques, des recours et appels nous allions réussir à faire condamner le promoteur . Persévérance et longueur de temps .... Le lotisseur fut contraint de financer la réalisation d'un bassin de rétention en amont de la zone urbanisée . 

Le dossier nécessita encore plusieurs années de démarches pour obtenir la maitrise foncière des terrains puis la réalisation des travaux . Une procédure d'expropriation dut être engagée pour obtenir la cession des terrains . Le lotissement fut ainsi mis en sécurité et  ne fut plus jamais confronté à ces inondations .

Comme une partie des terrains acquis était restée vacante après l'aménagement du bassin de rétention  nous allions décider d'y implanter ...des jardins familiaux aujourd'hui très appréciés ... 

A tout malheur bonheur est bon ....