Notre Dame d'Oé est traversée par le ruisseau de la Pérrée , affluent de la Choisille . Son cours nait dans les fossés agricoles à l'Est de la commune et près du bourg où des sources alimentent ce petit ruisseau dont nous avons acquis les rives au début des années 90. En aval d' un ancien lavoir que nous avions restauré, le petit cours d'eau s'élargit pour laisser place à un bief , sorte de long canal ,creusé par les hommes qui venaient chercher là l'argile nécessaire aux toitures des maisons ,à la réalisation de poteries . Ce plan d'eau communal redevient ruisseau plus à l'Ouest après avoir franchi une vanne servant de petit barrage .Le paysage a été ainsi façonné semble t'il depuis le moyen âge . Le cadastre napoléonien , confirme d'ailleurs que le site présente cette configuration depuis des siécles .
Pendant plusieurs années une association de pêche allait organiser là des animations , des concours,des lachers de truites , des initiations pour les jeunes de la commune . Au beau milieu de vastes espaces verts , lieu de détente et de promenade tout proche des zones urbanisées et du centre bourg .
Le plan d'eau et son environnement , propriétés communales, étaient entrenus par l'association de pêcheurs et les ouvriers municipaux . En 1993 une intervention plus importante avait été décidée par les services de l'Etat . La Direction Départementale de l'Agriculture avait fait procéder à un curage du plan d'eau , sur toute sa longueur, pour évacuer les vases qui se déposent en grande quantité .Le travail avait été effectué par une énorme pelleteuse dont les clichés figurent encore dans les archives communales . Le faible courant et la végétation environnante favorise l'envasement du bief dont la profondeur d'eau s'avère de fait très faible .
C'est donc avec une réelle satisfaction que l'association de pêche demandera aux agents communaux, qui procédaient ce jour là au nettoyage du lavoir, de poursuivre leur travail en curant le bief sur quelques dizaines de mètres à l'aide d'une mini pelle . Les pêcheurs devaient organiser un concours de pêche le week end suivant . Ils apprécièrent ces travaux d'entretien et en firent part au correspondant du journal local venu les interroger pour annoncer la manifestation .Ce correspondant ,très consciencieux, s'efforçait de relayer et soutenir toutes les activités associatives oésiennes. Un article parut dans la rubrique oésienne du quotidien , qui ne manquait pas d'évoquer les petits travaux réalisés sur le cours d'eau à la grande satisfaction des utilisateurs . Pour une fois l'initiative fut malheureuse ...
Quelques jours plus tard je reçois dans mon bureau en mairie 2 agents de l'Office National de l'Eau et des Milieux Aquatiques ( ONEMA) venus me verbaliser pour ne pas avoir respecté les directives de la loi sur l'eau . Ces fonctionnaires efficaces , en lisant le quotidien tourangeau , avait en effet découvert que la ville avait fait procéder à un curage de la Pérrée sans autorisation préalable . Ils m'annoncèrent que la DDA ( Direction Départementale de l'Agriculture) en charge de la police des cours d'eau allait dresser procés verbal et m'adresser une amende .
J'essayais de défendre les intérêts communaux et faire valoir ma bonne foi en expliquant que j'ignorais que ces travaux réalisés à l'intiative des agents communaux pour rendre service à une asso locale . Je leur rappelais que le dernier chantier de curage, de bien plus grande ampleur , avait été réalisé par ...la dite DDA .Je leur faisais savoir que le Syndicat intercommunal de la Choisille et des affluents ( SICA) ,sensé assurer l'entretien de ce cours d'eau n'avait engagé aucun chantier d'entretien depuis au moins deux décennies et qu'il fallait bien prendre des initiatives . Mes arguments tombèrent... à l'eau. Mes interlocuteurs inflexibles confirmèrent l'infraction commise au regard d'une législation en forte évolution depuis quelques années . Un dossier prélable aurait dû être déposé au titre de la loi sur l'eau pour obtenir une autorisation sur la nature des travaux, l'évacuation des vases ... Ils craignaient que l'utilisation d'une mini pelle ait dégradé le substrat du petit cours d'eau . Sans nier l'intérêt environnemental de la démarche je m'efforçais de relativiser l'importance du chantier réalisé qui n'avait en rien porté atteinte à la biodiversité locale .
Quelques jours plus tard je devais recevoir au courrier le procés verbal de la DDA assorti d'une amende et de préconisations pour éviter l'envasement du plan d'eau . L'amende prononcé était d'un montant modeste ( 300 ou 400 euros de mémoire) et ne mettrait pas la commune en difficultés financières . En revanche les exigences formulées par le service de l'Etat , sans concertation ni explication , s'avérait bien plus contestables . Le procés verbal imposait en effet que le plan d'eau d'eau soit asséché au moins 6 mois par an pour traiter les vases et les boues sans avoir à procéder à de nouveaux curages . Une régle qui ne pouvait satisfaire les élus et l'association de pêche qui n'envisageaient pas que ce lieu de promenade se transforme plusieurs mois par an en fossé , type marais salants charentais à marée basse ,en plein centre bourg .
Le PV notifiait en très petit caractère que cette décision pouvait toutefois faire l'objet d'un recours amiable .... Ce que le conseil municipal ne manquerait pas d'initier pour rechercher d'autres solutions moins pénalisantes .
A suivre ...